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Manuscrit venu de Sainte-Hélène

En 1817 est publié à Londres, par l’éditeur Murray, un petit livre anonyme écrit en français dont le titre est très alléchant : Manuscrit venu de Sainte-Hélène d’une manière inconnue. Le succès est foudroyant. Murray doit réimprimer quatre fois dans la seule année 1817. Une traduction en langue anglaise est promptement disponible et de nombreuses contrefaçons voient le jour à Gand, Amsterdam, Bruxelles, Francfort ou Wiesbaden. En France, l’ouvrage séditieux est interdit par la censure de Louis xviii, ce qui le rend encore plus intéressant. Des centaines de copies manuscrites circulent dans les salons parisiens et bientôt dans tout le pays, décuplant ainsi son succès.

Cinq ans avant le Mémorial de Las Cases, le Manuscrit marque en fait le point de départ de la Légende napolé­onienne. Les lecteurs commencent bien entendu par attribuer le texte, écrit à la première personne, à Napoléon lui-même. Ils croient y reconnaître le style énergique et vigoureux de l’Empereur, exilé depuis 1815 dans la très lointaine île anglaise de Sainte-Hélène, au fin fond du Sud de l’océan Atlantique. « Il » aurait pris la plume pour livrer ses mémoires et « il » aurait réussi à faire passer son texte au nez et à la barbe de ses geôliers. Le Manuscrit est en effet émaillé de citations « à la Bonaparte ». Ainsi, l’auteur déclare avoir consolidé pour l'éternité les acquis de la Révolution : « Ma tâche était donc de terminer la Révolution en lui donnant un cours légal afin qu’elle pût être reconnue et légitimée par le droit public de l’Europe ». Quelques phrases sont d’ailleurs plus intimes et tendres, qui sont consacrées à Joséphine. Napoléon, ou tout du moins le « je » qui parle pour lui, y exprime un amour violent et indéfectible pour sa belle créole...

Manuscrit venu de Sainte-Hélène

17,00 €Prix
  • Frédéric Lullin de Châteauvieux

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